On prend la même on recommence... Une énième fois, juste pour le plaisir de faire partager les petits riens qui s'amoncellent et qui forment ma vie.

Pages

vendredi 1 février 2008

Elle s'appelle Sabine.

Sabine jeune....

J'avais envie de voir ce film depuis un petit moment, c'est maintenant chose faite. L'actrice Sandrine Bonnaire consacre là un film intimiste sur sa soeur Sabine, autiste psycho infantile âgée de 38ans. Ce film est particulièrement marquant, dans le sens où on peut y voir Sabine avant l'internement et Sabine après 5ans d'internement en hôpital psychiatrique. Ces années l'ont passablement amochée, rendue méconnaisable. Sandrine Bonnaire a filmé sa soeur lorsqu'elle était plus jeune, elle était alors pleine de vitalité, en interaction avec son entourage et son environnement malgré sa différence et son handicap. Capable de prendre le métro pour aller voir sa famille, jouant du piano, ou encore en avion en direction de New York. La perte de son frère, et l'éloignement de ses soeurs ont été un vrai choc émotionnel et l'état de Sabine s'est peu à peu dégradé. Violente parfois, vulgaire, son comportement s'était détérioré d'où la nécessité de l'interner afin de la faire diagnostiquer, ce qui n'a pu être fait après 15 premiers jours d'internement. Il était impossible pour la famille de garder Sabine à la maison malgré les nombreuses tentatives, Sabine bouleversait la vie familiale lorsqu'elle était chez une de ses soeurs, et les 2 gardes malades engagés pour s'occuper d'elle ont démissioné au bout de 2mois. Sabine a donc du être réinternée, et cette fois ci pour 5ans.

Durant cet internement son état se dégrade, on la camisole, son crâne est tuméfié à force de se taper la tête contre les murs, elle est complètement droguée par les doses pharamineuses de neuroleptiques et autres.

A sa sortie, Sabine a pris 30 kg et ses facultés sont complètement altérés, elle tremble, bave, tappe, ne se tient plus droite, marche mal, est totalement repliée sur elle même. Cette " prise en charge" la presque détruite.



Après négociations, attente, forcing, Sandrine Bonnaire à l'aide de sa notoriéteé ainsi que d'un directeur d'établissement spécialisé, créent un foyer d'accueuil supplémentaire où Sabine demeure maintenant depuis 5ans et recouvre peu à peu certaines de ses facultés.

Un récit un peu long, mais que je ne pouvais pas rendre plus exhaustif. Ce film, c'est l'histoire et le quotidien de Sabine, mais de milliers de personnes handicapées mentales, qui ayant dépassé les 20ans ne trouvent pas de structures adaptées pour les accueuillir et leur apporter les soins et l'accompagnement que recquiert leur état de santé.
Les moyens ne sont pas là, le sujet laissé de côté, comme si ces personnes s'arrêtaient de vivre dépassé 20ans... Le résultat est là, les familles souffrent, les handicapés s'enlisent dans leur handicap alors qu'ils pourraient aller mieux, être bien.
S'il y a un passage que je devrais citer mis à part tous les parallèles entre Sabine avant et Sabine après, ce serait celui de la fin; Sandrine Bonnaire passe la vidéo de New York à Sabine, où elle encore " elle-même". Sabine pleure, de joie dit-elle, elle sourit puis re pleure et sourit à nouveau, veut retourner à New York.

Sabine et d'autres auraient pu prétendre à une vie plus heureuse, être autonome, vivre le plus normalement possible, mais notre société en a décidé autrement. Le manque d'infrastructures, le délaissement du sujet par les politiques, privent des gens d'une vie meilleure, et laissent des familles dans la difficulté livrées à elles même.
J'ai fait cet article parce que ce film m'a profondément bouleversée, et même révoltée contre ce manque d'attention et ce grave problème qu'est la prise en charge des handicapés mentaux à l'âge adulte.
Merci à Sandrine Bonnaire pour ce film.

Sabine maintenant.